Une surmortalité inquiétante chez les égoutiers.

Un Danger Invisible mais Mortel

Les égoutiers, ces travailleurs de l’ombre indispensables à la salubrité urbaine, sont exposés à un risque sanitaire alarmant. Une étude de l’Anses en 2016 révèle une surmortalité atteignant 56 %, liée à l’exposition chronique à des gaz toxiques et des agents pathogènes.

Ce phénomène, encore trop peu médiatisé, met en évidence la nécessité de renforcer la prévention et la protection de ces professionnels.

Quels sont les dangers précis ?

Quelles mesures peuvent être prises pour protéger ces travailleurs ?

Plongée dans un monde souterrain à haut risque.

Contexte

Un Métier Essentiel mais Sous-Évalué

Les “égoutiers*” jouent un rôle crucial dans la gestion des eaux usées et la préservation de l’hygiène publique.

Pourtant, leur profession est souvent méconnue et leurs conditions de travail sous-estimées.

En 2004, une première étude de l’INRS avait déjà révélé une surmortalité de 25 % parmi ces travailleurs, due principalement aux cancers et aux maladies respiratoires. Une réévaluation en 2009 a fait grimper ce taux à 56 %, alertant les experts sur l’urgence d’une meilleure protection.

L’étude de l’Anses en 2016 confirme ces inquiétudes en analysant l’environnement chimique et biologique des égouts.

* L’étude de l’ANSES dit “le terme « égoutier(s) » désigne une catégorie de personnel amenée à réaliser des tâches diversifiées au sein d’un réseau d’assainissement y compris des stations de relèvement et de pompage afin de maintenir leur bon état de fonctionnement, indépendamment de leur affiliation ou statut.”

Déroulement des faits

1. L'exposition à des agents chimiques toxiques

Les égoutiers inhalent quotidiennement des substances dangereuses, parmi lesquelles :

• Hydrogène sulfuré (H₂S) : jusqu'à 1 200 µg/m³ (0,86 ppm).

• Ammoniac (NH₃) : jusqu'à 255 µg/m³ (0,37 ppm).

• Dioxyde d'azote (NO₂) : jusqu'à 68 µg/m³ (0,036 ppm).

• Composés organiques volatils (COV) :

  • Benzène (cancérogène) : 5,9 µg/m³ (1,85 ppm).

  • Toluène : 920 µg/m³ (0,24 ppm).

  • Xylènes : 296 µg/m³ (0,07 ppm).

2. L'exposition aux agents biologiques

Les eaux usées contiennent de nombreux agents infectieux pouvant causer des maladies graves :

• Bactéries (Leptospira, E. coli, Salmonella).

• Virus (Hépatite A, virus entériques).

• Parasites (Giardia, Entamoeba).

3. Le stress et les risques psycho-sociaux

Le travail en milieu confiné, la manipulation de déchets dangereux et l’isolement social sont autant de facteurs contribuant à un taux élevé de suicides et de troubles psychologiques parmi les égoutiers.

Quelques chiffres

Des chiffres alarmants sur la mortalité des égoutiers

1. Les études clés sur la mortalité des égoutiers

L'étude de l'INRS (2004) et sa mise à jour (1970-2011)

• Surmortalité toutes causes confondues de 25 % entre 1970 et 1999.

• Entre 2000 et 2007, cette surmortalité grimpe à 56 %.

• Une augmentation de 40 % de la mortalité pour toutes causes a été confirmée sur la période 1970-2011.

• Surmortalité spécifique aux cancers : 37 % d’excès de décès.

Les études sur l'espérance de vie des égoutiers

• Selon un article de La Gazette des Communes, les égoutiers ont une espérance de vie inférieure de 17 ans par rapport à la moyenne nationale.

• En moyenne, un égoutier atteindrait 64 ans, alors que l'espérance de vie moyenne en France est de 81 ans.

Accès aux égouts

Conséquences

Une Surmortalité Inquiétante

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

• 56 % de surmortalité générale.

• +40 % de risque de développer un cancer digestif.

• +30 % de cas de maladies respiratoires chroniques.

• Taux de suicide supérieur de 25 % à la moyenne nationale, lié aux conditions de travail éprouvantes.

Ces données alarmantes montrent l’impact direct de l’exposition prolongée aux gaz et agents pathogènes. L’absence de ventilation efficace et le manque de protections adaptées aggravent la situation.

Leçons et prévention

Des Mesures Urgentes à Prendre

L’Anses recommande plusieurs actions prioritaires pour protéger les égoutiers :

1. Amélioration de la ventilation des réseaux : Mise en place de systèmes de renouvellement d’air afin de réduire la concentration des gaz toxiques.

2. Port obligatoire d’équipements de protection individuelle (EPI) et selon évaluation des risques interne : Masques à cartouches filtrantes, détecteurs de gaz portables, combinaisons étanches.

3. Suivi médical renforcé : Examens médicaux réguliers pour détecter précocement les maladies professionnelles.

4. Formation et sensibilisation : Programmes de prévention pour les égoutiers sur les risques chimiques et biologiques.

5. Contrôle des rejets industriels dans les égouts : Limitation des substances toxiques déversées dans les réseaux.Conclusion

Suite à cette mise en situation, nos stagiaires ont découvert les techniques appropriées à adopter lors d’un incident en espace confiné. Leur savoir-faire, allié aux recommandations des normes r447 et r472 (CATEC®), a permis de limiter l’impact de cet accident.

Conclusion

Une Reconnaissance Nécessaire pour un Métier en Péril

Les égoutiers assurent un service public essentiel, mais au prix de leur santé. Face à une surmortalité alarmante et des conditions de travail dangereuses, il est impératif d’agir. En renforçant la prévention, en améliorant la ventilation des infrastructures et en fournissant des équipements de protection adaptés, il est possible de limiter les risques.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sans action rapide, la santé des égoutiers continuera de se dégrader. Il est temps que les autorités publiques et les employeurs prennent leurs responsabilités pour garantir des conditions de travail sûres et dignes à ces travailleurs de l’ombre.

Sources:

• https://www.lagazettedescommunes.com/655870/a-64-ans-les-egoutiers-seront-deja-morts/?utm_source=chatgpt.com

• https://www.anses.fr/fr/content/des-effets-sanitaires-%C3%A0-long-terme-li%C3%A9s-aux-conditions-de-travail-dans-les-%C3%A9gouts?utm_source=chatgpt.com

• étude ANSES sur notre site